Découvrir une nouvelle Lulu est toujours un immense plaisir, une révélation, une confirmation à elle toute seule que l’Opéra comme genre est bien vivant et révèle des personnalités d’exception tant le rôle se présent comme l’un des plus exigeants et fascinants de tout le répertoire. Meme si les difficultés tecniques du rôle demandent des qualités et un travail hors du commun, ce n’est pourtant pas uniquement une question de moyens (Natalie Dessay elle-meme a envisagé puis renoncé à tenir ce rôle). C’est aussi une capacité à incarner un tel personnage sur scène, à devenir cette créature fascinante et effrayante, fatale et repoussante, en somme à catalyser tous les sentiments dans leur forme la plus extreme. On est Lulu jusq’au bout des ongles ou on ne l’est pas. L’Opéra de Liège aura donc servi à cette démonstration : la jeune italienne Valentina Valente fait partie de ces rares chanteuses capables d’assurer le rôle de Lulu. Sa grande assurance vocale (articulation, musicalité) et son jeu de scène très crédible font de cette prise de rôle une grande réussite. Venue d’un répertoire des plus traditionnels (Giulietta des Capulet, Barberine des Noces, L’Amour de Orfée et Eurydice, Elvira de L’italienne à Alger), Valentina Valente réalise un pas essentiel et donne un grand coup d’accélérateur à sa carrière. Bravo!